Nous sommes tous charlots

A l’abordage !

Sans attendre que les corps refroidissent complètement, les charognards se ruent... Quelques heures à peine nous séparent du plus grand rassemblement jamais vu en France que les plus avides de nos politiciens jouent déjà des coudes pour imposer leur vision d’une France où nos libertés seraient amoindries.

A-t’on assisté aux mêmes manifestations ces derniers jours ? Toutes ces personnes réunies avec des panneaux “Je suis Charlie”, le faisaient-elles dans l’idée de commettre les mêmes erreurs que les Américains, guidés à l’époque par la peur et qui le regrettent en grande partie aujourd’hui ? Voulaient-elles abandonner à jamais leur ado un peu paumé, devenu apatride (si on suit le projet de Nicolas Sarkozy), qui a trouvé un réconfort à son mal-être auprès de mauvaises personnes ? Puisqu’il s’agit bien de séparer des familles dans le cas présent me semble-t’il.

Au problème de sur-contrôle et d’exclusion, on nous propose plus de contrôle et d’exclusion ? Vraiment ?

Merci mais non merci !

Si au lieu de partir à la chasse aux sorcières comme certains le souhaiteraient nous essayions d’identifier le problème à la source ?

À ces “brillantes” idées, ces “révolutions” patriotiques, j’aimerais opposer une question : d’où viennent ces jeunes terroristes (Coulibaly, Kouachi, Merah, …) qui ont causé plus de vingt morts sur le territoire français ? De pays du Maghreb ? D’un quelconque Emirat ? Non ! Chacun d’entre eux est né en France.

Dans ce cas, sans doute sont-ils nés Djihadistes ou Islamistes radicaux ? Vous y croyez vous ? Alors, comment en sont-ils venus à tant de violence ? Ça ! C’est LA bonne question.

L’homme naît naturellement bon et c’est la société qui le déprave

Il y a un point commun entre ces terroristes, ces ados qui proclament en classe que les journalistes méritaient ce qui leur est arrivé, ces jeunes qui partent en Syrie livrer une guerre qu’ils comprennent à peine : ils sont tous paumés, influençables.

De tous temps, des manipulateurs ont profité d’esprits fragiles et désorientés pour augmenter leur influence et maximiser leurs profits. Ceux qu’on appelle aujourd’hui recruteurs au Djihad ont servi, en d’autres temps, des causes diverses (au final, l’idéologie qui se cache derrière n’est qu’un outil) en employant les mêmes méthodes d’enrôlement. Bien sûr, ce genre de personnes doit-être combattu, mais pourrait-on remonter encore plus à la source du problème : pourquoi ces esprits sont-ils si faibles ? Pourquoi ces jeunes sont-ils à ce point désorientés ?

Marche ou crève !

Nous vivons dans une société basée sur la consommation et la propriété. Si certains ont la chance de vivre de leur passion (et c’est mon cas), nous avons tous l’obligation d’avoir un revenu, la nécessité d’avoir des amis, un réseau de personnes qui reconnaissent notre valeur et nous jugent aptes à faire partie de leur groupe. Toute personne sortant de ce cadre, est considéré comme bizarre… marginale. C’est en cherchant à s’élever au mépris des autres, consciemment ou non, qu’est né l’échec social. Échec dans lequel beaucoup trop de jeunes aujourd’hui s’identifient.

Il serait facile de désigner des coupables :

Les familles qui renient sans cesse l’échec de leur méthode d’éducation et leur renoncement. une Education Nationale dont les malheureux agents de terrain sont contraints d’appliquer des méthodes qui ne correspondent plus du tout aux besoins actuels. Les politiques, les grands groupes, la télévision, les religions, le capitalisme …

La vérité, c’est que nous avons créé une société de consommation individualiste sur le dos de ceux qui ne pouvaient en faire partie. Aujourd’hui, cette société crée de plus en plus de clivages, livrant les plus délaissés à tout esprit suffisamment malin pour les rassembler sous sa bannière. Nous avons craqué l’allumette qui nous consume à petit feu.

Que vous le vouliez ou non, mon indifférence a accouché de Mohamed Merah, vous avez élevé les frères Kouachi et nous avons tous contribué à la haine qui a poussé Amedy Coulibaly à commettre ses crimes.

Nous sommes tous Charlots !

A l’heure où nos chers politiques vont faire feu de tout bois pour asseoir leur pouvoir, apposer leur noms sur une loi et faire passer leur ineptie par la peur, peut-être serait-il temps de se demander ce que nos souhaitons pour les enfants de demain : plus de contrôle ? moins de liberté ?

J’aimerais être assez naïf pour croire à une société où la laïcité aurait un vrai sens : on accepte tout le monde, toutes les cultures, sans jugement, sans chercher à changer personne; un futur où on courrait après le plaisir plutôt que le profit. Ce monde est sans doute beaucoup trop utopiste !

Cependant, je pense qu’il est à notre portée de créer un environnement où nos enfants seront appréciés pour ce qu’ils sont et pas pour leur ressemblance avec un standard idéaliste et incontestablement irréel, qu’ils puissent être libres de penser ce qu’ils veulent, libres de l’exprimer, libres de vivre selon leurs valeurs, libres d’être qui ils sont … qu’ils puissent être les Charlie que nous n’avons pas été.